Le gambiste François Joubert-Caillet et le claveciniste Philippe Grisvard nous invitent à entendre tout l’univers vocal et instrumental de Jean-Sébastien Bach.
Ces trois Sonates BWV1027, 1028 et 1029 pour viole de gambe et clavecin obligées de Jean-Sébastien Bach sont probablement les œuvres pour cet instrument les plus connues de son répertoire, à la fois jouées dans cette formation originale, mais également souvent avec un violoncelle, un alto, ou un piano. Bach lui-même a adapté la Sonate BWV1039 pour deux flûtes et basse continue pour réaliser la BWV1027 jouée ici, et il n’était pas rare que le Kantor de Leipzig adapte ses pièces selon sa convenance, pour divers instruments.
À l’écoute de ces Sonates, certains thèmes rappellent en effet d’autres œuvres de Bach, à la fois instrumentales, mais aussi vocales. Il ne faut pas oublier que Bach était organiste, habitué à jouer avec les registrations de son orgue, c’est-à-dire de changer les couleurs des voix jouées en fonction de ses envies (sur un orgue, ce sont par exemple les jeux de « trompette », « montre », « flûte », « viole de gambe », « hautbois », etc.). La musique qu’il compose est marquée par cette flexibilité intrinsèque, chaque mélodie peut avoir plusieurs couleurs et être jouée sur plusieurs instruments. Ceci explique peut-être pourquoi la musique de Bach fonctionne si bien sur n’importe quel instrument, quel qu’il soit.
C’est avec cette idée que François Joubert-Caillet et Philippe Grisvard proposent d’interpréter ces Sonates : en imaginant concrètement quels autres instruments auraient pu jouer cette musique, dans d’autres cadres que celui de la musique de chambre. Ainsi, tel mouvement rappellera un air pour flûte, ou un air de Cantate avec trompette, un autre un recitativo accompagnato d’une Passion, ou une fugue pour chœur et orchestre dans un Motet ou une Messe, voire un mouvement d’une Sonate pour violon. La seule formation viole de gambe et clavecin permettra ainsi d’entendre tout l’univers vocal et instrumental du Kantor, facilité par la flexibilité naturelle de ces instruments à revêtir d’autres couleurs, à se fondre dans des identités autres que les leurs.
Programme
Johann Sebastian Bach (1685 – 1750), Sonate en sol majeur, BWV 1027 (Adagio, Allegro ma non-tanto, Andante, Allegro moderato)