Moi, Kadhafi

Véronique Kanor – Auteure, réalisatrice audiovisuelle, performeuse

Je suis née à Orléans de parents martiniquais. J’ai hérité des trésors, de l’utopie, des complexes et des combats anticoloniaux de leur île et, plus largement, de toutes les terres afro-descendantes. Là est mon territoire artistique. Un territoire que je défriche avec différents outils. Avec une caméra, en tant que réalisatrice de documentaires et de fictions. Société, culture, politique, identité… mes films interrogent le monde depuis la Caraïbe. Avec un Afromaton, une cabine videomaton mobile et pliable que j’ai construite en carton et que je déploie partout où je vais pour glaner des paroles sur l’expérience d’être Noir. Avec une pointe-bic. J’écris pour le théâtre (Le temps suspendu de Thuram, publié chez Lansman Edition et mis en scène par Alain Timàr) et pour la poésie, avec des textes publiés chez Présence Africaine (Éclaboussure et Combien de solitudes…). D’autres sont publiés dans des anthologies chez différents éditeurs. Avec la scène, enfin. Car mes textes ont des jambes, des poings, un ventre, un corps en mouvement… Le mien. A travers des pict-dub-poetry (des performances textes-vidéo) j’évolue sur scène avec mes images projetées autour de moi pour donner sa pleine dimension à ma poésie documentaire. Mes pictdub- poetry Solitudes Martinique, les Tôles de la nuit, Épuisée en stock et mon récent Je ne suis pas d’ici je suis ici ont été performés en France, en Outre-mer et à l’étranger.

Alain Timár – Metteur en scène et scénographe

Alain Timár est metteur en scène, scénographe et plasticien. Après des études supérieures en France et un parcours dans diverses compagnies théâtrales, il décide de s’installer à Avignon où il fonde le Théâtre des Halles qu’il dirige et anime depuis 1984. Il poursuit conjointement un travail de metteur en scène et de plasticien. À ce jour, plus de 70 mises en scène en France et à l’étranger d’un répertoire essentiellement contemporain, ainsi que de nombreuses expositions et installations. À l’étranger, il aime le plus souvent, diriger dans la langue du pays d’accueil : mandarin, cantonnais, coréen, tagalog, hongrois, roumain, anglais, italien, etc…

En 2018, il signe sa première mise en scène d’opéra : Dialogues des Carmélites, musique de Francis Poulenc et livret de Georges Bernanos. Alain Timár aime à se définir comme un
« curieux cosmopolite et nomade ». C’est certainement à ses origines juives (Hongrie du côté paternel, Espagne et Algérie du côté maternel) et à sa double formation (littéraire et plastique) qu’il le doit. Alain Timár été nommé Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, Prix Jean-Pierre Bloch, décerné par la LICRA, Pro Cultura Hungarica.

Serge Abatucci – Comédien

Membre fondateur du Théâtre de la Soif Nouvelle, Centre Dramatique régional de la Martinique,

création en 1982 par la volonté de Aimé Césaire et mis en place par Pierre Debauche. Il a suivi pendant 4 ans une formation classique avec Pierre Debauche, Robert Angebaud, Jean-Marie Wilning, Pierre Vial, René Loyon, Alan Boone, Jacques Lecocq.  Il s’intéresse à l’espace théâtral et littéraire Afro-Caraïbéen et travaille au cinéma comme au théâtre avec des metteurs en scène tels que : Wole Soyinka (prix Nobel de littérature 1986), Ivan Labéjof (Martinique), Jacques Rey Charlier (Haïti), Ina Césaire ; des cinéastes comme Michel Traoré, Euzhan Palcy. Serge Abatucci met en place des ateliers de recherche sur le langage du corps dans l’espace (arts martiaux, danses martiales caribéennes, brésiliennes : damyé, capoeira). Il travaille avec Cécile Gordon (danse indienne, kalaripayat) et Alfred Varasse (initiation rythmique, tambour et voix). Il explore les récits et les mythologies caraïbéennes qu’il met en scène. En 1990, à Paris, il participe à des ateliers de recherche théâtrale avec Philippe Adrien (rêve, improvisation, scénarisation) et Yoshi Oïda (de l’étude de la posture au mouvement régénérateur). Il participe également à des cellules de création avec Jean Daniel Magnin et Norma Guévara (adaptation du livre de Job). Il travaille aussi avec Wladimir Beltran, Betty Berr, Maurice Yent, Robert Girones, Alain Timár au théâtre. Au cinéma, il travaille entre autres avec Alain Maline, Claire Denis. En télévision avec Marion Vernoux et Yves Régnier. Aux Antilles et en France, Serge Abatucci participe aux créations de la Cie KS and CO avec des metteurs en scène du Théâtre d’Art de Moscou : Igor Zolotovitski et Sergueï Zemtsov ainsi

qu’avec Ewlyne Guillaume. Il rejoint la Compagnie KS and CO en 1998. Il co-dirige avec Ewlyne Guillaume le Centre dramatique Kokolampoe depuis l’installation de la compagnie en Guyane. De la rencontre entre Apante Afonsoewa, Serge Abatucci et la Compagnie KS and Co en 2007, est née

une troupe de comédiens Bushinenge. Pour le grand écran, il joue dans différents longs métrages Jean Galmot aventurier (1989), Orpailleur (2009), 600 kilos d’or pur (2009), La Vie pure (2014). Il interprète aussi des rôles à la télévision : Maroni, Les fantômes du fleuve (2018 – Arte), Meurtre à

Cayenne (2020 – France Télévision). Serge Abatucci est président de L’AFIFAC, qui organise le Festival international du film documentaire d’Amazonie Caraïbes, en partenariat, avec France Télévision. Il s’implique régulièrement dans les projets de tournage sur le territoire guyanais et accompagne les jeunes réalisateurs de court-métrages. Il travaille aussi à l’émergence d’un cinéma indépendant et engagé, notamment avec Stéphane Floricien, Real-Eyes International Films.