Aghiad est toujours un peu ailleurs. Une part de son esprit est quelque part en Syrie, surement dans un hôtel vieilli près de la mer, où il chante dans une tenue de crooner. Lauréat iNOUïS et Prix du Public RIFFX du Printemps de Bourges 2023, il poursuit sa quête d’un refuge aux allures de chansons pop en français, arabe et turc.
Entre la nostalgie de la chanson arabe héritée de ses parents syriens, et les influences pop et alternative de sa jeunesse à Paris, Aghiad tisse un monde pour en remplacer un autre, celui emporté par la guerre. Ce monde, il l’explore tant en studio que sur scène avec Tom Hachez et Billy Sueiro. Il partage avec eux son amour pour le oud, les violons et les rythmiques du Moyen-Orient, qu’ils font résonner ensemble avec les arrangements guitare, synthé et basse inspirés de Radiohead ou encore alt-J. Sur scène, ils imaginent une performance dont la chaleur et le partage rappellent les longues nuits de musique connues en Syrie. Les trois amis chantent d’ailleurs souvent en chœur, comme pour symboliser cette quête d’harmonie et de douceur.
Dans ces chansons pop hybrides, qui peuvent rappeler l’univers de Bachar Mar-Khalifé, Aghiad parle de choses intimes comme l’amour, la rupture ou le deuil. Il chante en français – des textes coécrits avec Vincent L’Anthoën – et en arabe, ses langues maternelles, et en turc, langue qu’il a apprise pendant ses études. Multipliant les métaphores, il cherche à retrouver du sens, à se libérer d’un malentendu. Finalement, sa vie musicale n’est pas si éloignée de sa carrière d’enseignant-chercheur spécialiste du Moyen-Orient – Aghiad est aussi docteur en science politique.
Aghiad, Tom et Billy sont lauréats de la Grande Party et Variations (FGO-Barbara) en 2022, et iNOUïS en 2023. Après avoir sorti deux singles, Le petit fantôme en 2019 et Karagül en 2021, et co-réalisé la bande originale d’un court métrage, La grande nuit de Sharon Hakim en 2020, leur EP Liman est sorti en 2023.