Le théâtre comme questionnement.
La scène comme lieu de résistance.
L’art comme boussole.
Alors que le monde semble vaciller un peu plus chaque jour, que les certitudes s’effritent et que les repères s’effondrent, notre huitième saison s’ouvre avec une conviction intacte : le théâtre est plus que jamais nécessaire. Parce qu’il questionne, parce qu’il dérange, parce qu’il éclaire. Parce qu’il permet, dans le tumulte, de faire entendre des voix, de poser des mots sur l’invisible, de penser ensemble — et, parfois, de panser.
Cette saison 8 interroge notre époque en tension, avec la force des grands textes et l’audace des regards contemporains.
Philippe Torreton endosse le rôle-titre du Mariage de Figaro, mis en scène par Léna Bréban : une pièce joyeusement subversive qui n’a rien perdu de sa vigueur révolutionnaire.
Carole Bouquet bouleverse dans Le professeur, un texte poignant sur les derniers instants d’un fils, d’un frère, d’un homme en silence : Samuel Paty.
Delphine de Vigan nous offre sa première pièce de théâtre, Les Figurants, dans une mise en scène ciselée de Valérie Donzelli, où la frontière entre fiction et réalité s’effondre sous nos yeux.
Mais La Scala Paris, ce n’est pas seulement produire. C’est aussi accompagner, faire émerger. Cette saison encore, notre labo Scala continue de soutenir la création contemporaine, en donnant une place essentielle à celles et ceux qui feront le théâtre de demain.
Parmi les éclats de cette saison : Mickaël Delis déploie une trilogie intense et profondément humaine, tissant des liens entre les récits intimes et les fractures de notre époque. Robin Ormond met en scène une pièce saisissante de Marius von Mayenburg, où l’humour noir et la lucidité sculptent une parole acérée sur notre société. Et Constance Dollé nous bouleverse avec Croire aux fauves, méditation sensible sur la perte, la nature, et ce qui, toujours, reste vivant.
La musique, elle, reste un pilier vivant de notre maison. Sous l’impulsion passionnée de Rodolphe Bruneau-Boulmier, la programmation musicale affirme haut et fort sa singularité : la musique contemporaine y est célébrée, défendue, et partagée, avec exigence et générosité.
Les arts visuels et plastiques trouvent également leur place à La Scala : après le fauteuil signé Daniel Buren, c’est Clément Cogitore qui viendra bientôt offrir sa vision de ce lieu singulier, à travers un nouveau geste artistique fort.
Et cette saison verra aussi l’arrivée tonitruante des deuxièmes années de l’École Supérieure des Arts du Rire. En résidence dans notre Maison Bleue, ces jeunes artistes prometteurs viendront bousculer le quotidien, tester leurs formes, affûter leurs mots et leurs idées. Leur énergie, leur liberté et leur regard neuf nourriront autant le lieu que son public. Car former les artistes de demain, c’est aussi leur donner un théâtre vivant où s’éprouver.
Enfin, parce que l’avenir du théâtre commence par la transmission, l’éducation artistique occupe une place centrale dans notre projet. Ateliers, rencontres, médiations, partenariats scolaires : nous croyons que chaque jeune, quel que soit son parcours, mérite l’accès à l’art vivant. Plus qu’un engagement, c’est une responsabilité que nous assumons avec joie.
Cette saison 8 est une promesse : celle de continuer à faire battre le cœur de l’art au rythme du monde. Avec lucidité. Avec audace. Et avec vous.
Mélanie et Frédéric Biessy
Hommage
Olivier nous a quittés brusquement,
Trop tôt, bien trop tôt,
Comme si le destin avait sauté une ligne.
Olivier Schmitt a construit La Scala à nos côtés.
Ce qui nous liait, c’est l’amitié des bâtisseurs : ce silence complice entre deux pierres posées ensemble, cette confiance taillée à la main.
Avec lui, nous avons érigé des fondations qui ne tremblent pas, même quand le monde vacille.
Ensemble, on ne posait pas que des briques, on scellait des promesses.
À chaque coup de truelle, notre amitié prenait forme, solide comme un mur qui défie le vent.
Il y a dans ce qui nous liait une foi discrète : celle de croire que ce qu’on élève ensemble touche un peu le ciel
On ne posait pas que des pierres,
On dressait des ponts, des refuges, des serments.
Chaque clou, chaque planche, chaque frisson avait le goût sacré d’un vrai commencement.
L’un tenait l’échelle, l’autre le fil,
Un clou tordu, et c’était deux mains pour redresser.
Pas de chef, pas de héros, pas de profil.
Juste des âmes qui savaient s’épauler.
Quand le vent soufflait trop fort, on riait, penchés contre la tempête.
Rien n’ébranle ceux dont la foi est faite de poussière, de sueur et de fêtes.
Le soir, à la fin du chantier, quand le jour tombait en silence sur nos pas,
nous laissions derrière nous, dans l’air fatigué un mur droit — et une amitié qui ne tremble pas.
Il fait de nous des orphelins.
Pour tout ça, nous lui dédions cette 8ème saison à La Scala Paris.
Mélanie & Frédéric Biessy